dimanche 13 janvier 2013

L’info du dimanche : Le vrai ennemi : la laïcité


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Dimanche 13 janvier 2013 : 
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La rubrique dominicale de mon blog, « l’info du dimanche », cette information locale, régionale ou nationale glanée dans la presse et qui m’a fait bondir de colère ou de joie durant la semaine.
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Aujourd’hui, les opposants au « mariage pour tous » défilent à Paris. Hier, à on n’est pas couché, Caroline FOUREST et Frigide BARDOT ont tenté de débattre et ont démontré qu’il est  temps de quitter le débat public qui devient redondant et où les positions des uns et des autre sont désormais bien ancrés et inébranlables pour enfin atteindre l’hémicycle pour légiférer ou non.

Depuis quelques semaines, je me posais des questions sur ce débat. Quelque chose m’échappait sans que je parvienne réellement à mettre le doigt dessus. Les arguments des uns et des autres étaient valables ou non valables mais il me semblait que quelque chose manquait à mon analyse. Elle a éclaté au grand jour hier au soir et je dois avouer que je partage entièrement le papier écrit dans la foulée de ce débat par le journaliste Bruno Roger-Petit, même si sur d’autre position, je ne partage pas ses convictions
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Bonne lecture !
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Chez Ruquier, Caroline Fourest découvre le vrai ennemi de Frigide Barjot : la laïcité
LE PLUS Modifié le 13-01-2013 à 11h39
Par Bruno Roger-Petit

Vu sur France 2, dans "On n'est pas couché", le débat Frigide Barjot-Caroline Fourest, prélude à la journée de dimanche consacrée à la "manif pour tous" organisée par les réseaux catholiques dévolus à l'UMP et l'extrême-droite.

Ce ne fut que la répétition, de part et d'autre, des arguments échangés depuis maintenant quatre mois, preuve que le débat a eu lieu et qu'il est temps d'attaquer la phase parlementaire réelle, les représentantes des deux camps n'affichant pas d'originalité particulière. Le sketch "Barjot brandit le code civil" comme Boutin brandissait la Bible est éculé et le rappel inlassable de l'existence de prêtres pédophiles, spectre encore une fois brandi par Caroline Fourest, demeure un argument hors sujet, voire "assez minable", pour reprendre une expression à la mode.


Le fait que le débat se réduise, in fine, à la télévision, à la mise en opposition de deux icônes emblématiques des communautés qui s'opposent sur la question du mariage pour tous est, hélas, un signe des temps. La télévision, reflet du temps, met en scène, sans chercher à le dépasser, l'affrontement des extrêmes. Est-ce bien indiqué sur un débat comme celui qui nous occupe, compte tenu de ce qu'il semble parvenu à un point où tous les arguments des extrêmes sont connus et reconnus ? Question livrée à la sagacité des lecteurs.

La réelle motivation des opposants

Il est pourtant un point que Caroline Fourest a soulevé au cours du débat et qui mérite d'être remarqué et développé. Derrière le refus du mariage gay, le discours des opposants à cette ouverture égalitaire révèle de plus en plus une remise en cause du principe de laïcité qui a autorisé la fondation du droit civil moderne et ses développements récents (notamment depuis 1974).

Du point de vue de Frigide Barjot et de ceux qui en ont fait leur porte étendard, le mariage gay n'est pas le déclencheur de la crise de civilisation qu'ils dénoncent, il en est l'aboutissement. Il est le dernier avatar du mouvement qui, depuis la loi de 1905, a laïcisé le Code civil, désacralisant le mariage et la filiation, construisant une famille civile et républicaine, si éloignée des prescriptions naturalistes parées d'une simili vertu anthropologique tant vantée, ces derniers temps, par ce lobby réactionnaire, héritier du catholicisme légitimiste, qui combat aujourd'hui le mariage pour tous.

Ainsi, depuis quelques semaines, de manière insidieuse et perverse, les opposants au mariage gay se saisissent de cet alibi pour remettre en cause le mariage civil et ses conséquences, s'efforcent de re-sacraliser l'ensemble au nom de l'intérêt des enfants. Tous les arguments, sans exception, qui sont mis en avant par Frigide Barjot et cie, ont pour effet collatéral de mettre en cause l'état du droit positif de la famille.

Le désir d'enfant, un caprice

Le refus de l’adoption par des couples de même sexe par exemple, sert de prétexte à s'en prendre à la législation actuelle. L'adoption est présentée comme le caprice de personnes refusant l'ordre naturel de la nature, cherchant à satisfaire une lubie et menant à l'établissement d'un marché de l'adoption ou l'enfant est un produit comme un autre. Le discours sur la nécessité pour un enfant "d'avoir un papa une maman" est également une façon de dénoncer l'adoption par les célibataires (autorisée sous la présidence de Charles de Gaulle, ce gauchiste permissif), eux aussi implicitement dénoncés comme des êtres capricieux et prêts à acheter des enfants.

Il en va de même pour le refus des couples de même sexe aux techniques de PMA. Le désir d'enfant est encore et toujours présenté comme un caprice, un refus désordonné d'accepter l'ordre naturel des choses, débouchant sur des situations de désordre. L'argument développé pour l'interdire aux couples homos vaut aussi, intrinsèquement, pour la législation actuellement en vigueur en faveur des couples hétéros. Il est même triste de noter que des personnalités de gauche, telle Sylviane Agacinski, contribue de ce point de vue à propager des préjugés, voire des mensonges sur le sujet.


Cette semaine en effet, dans "le Nouvel Observateur", la compagne de Lionel Jospin justifie son refus de la PMA autorisée pour des couples homosexuels en mettant en avant la situation des enfants déjà nés par IAD (insémination artificielle avec donneur anonyme) dans les couples hétéros : "Bien des enfants nés ainsi se révoltent contre le secret organisé sur leur naissance", dit-elle. Le problème, c'est que ce n'est pas tout à fait exact.

Dans les pays où la levée de l'anonymat des donneurs a été levée, comme en Suède, grande a été la surprise de constater qu'un nombre dérisoire de personnes voulaient en savoir plus sur leur géniteur biologique, preuve que Françoise Héritier a raison de souligner que "la filiation biologique est une hérésie, il n'y a de filiation que sociale". Quand aux cas de "révoltes", ils sont souvent le fruit des effets de loupe médiatique, mettant en relief des histoires personnelles qui ne sont pas statistiquement exemplaires. (sur ce dossier lire ICI et LA).

Moderniser la filiation, un scandale

Dans le genre, Sylviane Agacinski rejoint Frigide Barjot dans un combat contre le mariage gay qui débouche sur la contestation de la filiation moderne, tentant de la réduire au biologique, comme le souhaite le courant conservateur catholique (Eh oui ! Sylviane Agacinski est l'idiote utile des cathos réactionnaires). Frigide Barjot n'hésite pas, dans le livre qu'elle vient de publier, "Touche pas à mon sexe", à mettre en cause ce que pas un psy, même ceux qui s'opposent au mariage pour tous ne mettent en cause, à savoir que des trois piliers de la filiation, le biologique, le psychologique et le social, seuls les deux derniers sont nécessaires pour fonder la filiation réelle.

De cette série de constatations, dont la prestation de Frigide Barjot chez Ruquier était le concentré, il ressort que derrière la contestation du mariage pour tous (qui permet la contestation du droit de la famille en vigueur et de ce que la loi permet en matière de divorce, de filiation, d'adoption et de bioéthique) se révèle une contestation de la laïcité de la République qui, libérée des Églises depuis 1905, a permis et autorisé ces évolutions, parce que devenue laïque.

Qu'on ne s'y trompe pas : derrière l'hostilité au mariage pour tous, c'est la laïcité émancipatrice, qui permet à l'homme de dépasser sa condition, de s'en affranchir, de transgresser l'ordre naturel et divin des choses cher aux religions, y compris dans le droit de la famille, qui est la cible du courant catholique et conservateur à l’œuvre depuis des mois. Cette même laïcité qui, au nom de son ontologie, permet à un mouvement religieux de défiler contre elle dans une "Manif pour tous" qui porte mal son nom..
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Bruno Roger-Petit
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