dimanche 25 novembre 2012

L’info du dimanche : Le sentiment d'insécurité résiste à la baisse des délits

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Dimanche 25 novembre 2012 :
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La rubrique dominicale de mon blog, « l’info du dimanche », cette information locale, régionale ou nationale glanée dans la presse et qui m’a fait bondir de colère ou de joie durant la semaine.
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L'Observatoire national de la délinquance, créé en 2003 pour dépolitiser les chiffres de la délinquance, est à un tournant de son histoire. Le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, a annoncé qu'il souhaitait réformer l'outil statistique et une mission parlementaire a été mise en place sur le sujet. Organisme indépendant, l'Observatoire fait face à des soupçons, très liés à la personnalité du président de son conseil d'orientation (démissionnaire), Alain Bauer, proche de Nicolas Sarkozy.
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Ce qui est quand même un paradoxe quand on connait le nombre d’attaque virulente dont cet organisme a été la victime de la part de la droite et plus particulièrement de l’UMP !
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Cette semaine, conjointement, l’ INSEE et l’ ONDRP ont publié leur enquête annuelle de victimatio, enquête beaucoup plus complexe que la statistique policière, qui sert à évaluer l'activité des services et la délinquance depuis trente-cinq ans.
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En effet, la statistique policière (et de gendarmerie) n'est pas toute la délinquance, mais seulement certains aspects, et qu'il faut disposer d'informations obtenues par interrogation directe de la population, notamment parce que toutes les victimes ne portent pas plainte.
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Le journal « Le Monde » publie donc une première analyse de ce rapport.
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Bonne lecture !
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Le sentiment d'insécurité résiste à la baisse des délits
Le Monde du 21 novembre 2012
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Selon l'enquête annuelle de victimation, les Français se déclarent de moins en moins victimes d'actes de délinquance
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Depuis 2006, les Français se déclarent de moins en moins victimes d'actes de délinquance. Mais ils se sentent, de plus en plus, en insécurité. Ce paradoxe est au coeur du dernier rapport annuel de l'Observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale (ONDRP), présenté mardi 20 novembre. Le document se fonde sur les enquêtes de victimation " Cadre de vie et sécurité " menées depuis 2007, entre janvier et avril, par l'Observatoire et l'Insee auprès d'un échantillon de 16 500 à 17 500 personnes de 14 ans et plus. Les questions portent sur l'année ou les deux années précédentes.
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Lors de la dernière étude, les ménages ont affirmé aux enquêteurs avoir subi 2,7 millions de vols en 2011, alors qu'ils en avaient déclaré plus de 3 millions pour 2006. Concernant les violences physiques (hors violences au sein des familles), la baisse est de 740 000, en 2006, à 651 000, en 2011. Un rythme inversement proportionnel à l'évolution du sentiment d'insécurité au domicile, passé de 15 %, en 2007, à 16,3 %, en 2012, et dans le quartier ou le village, de 19,5 % à 20,7 %. La délinquance est l'un des trois problèmes " les plus préoccupants dans la société française actuelle " pour 49,5 % des Français, contre 48,7 % en 2007.
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Cela posé, l'évolution n'a pas été uniforme durant ces cinq années où Nicolas Sarkozy était au ministère de l'intérieur puis à l'Elysée. En 2008, au lendemain de son élection, le sentiment d'insécurité est à la baisse. Mais, depuis, la hausse est inexorable. Il augmente de façon spectaculaire en 2009 et 2010, marque une pause en 2011, puis repart à la hausse en 2012. Parallèlement, la délinquance préoccupe de moins en moins les Français jusqu'en 2009. Elle n'est alors l'un des trois problèmes les plus préoccupants pour 43,3 % de la population, contre 48,7 % en 2007. Mais elle repart ensuite à la hausse, jusqu'à atteindre 52 % en 2011, avant de s'affaisser légèrement.
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Plusieurs éléments permettent d'expliquer ces évolutions contradictoires. Premier facteur, la crise économique et financière, qui débute à l'automne 2008. La première enquête marquant une inflexion est réalisée dans la foulée, de janvier à avril 2009. Lors de cette vague, le chômage et la précarité de l'emploi deviennent la principale préoccupation pour 40,4 % des Français (contre 26,8 % l'année précédente). Le lien entre insécurité économique et sentiment d'insécurité est classique.
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Ensuite, il y a la " hausse très significative " des cambriolages, en particulier en 2011. Le phénomène est net du côté des chiffres de la police et de la gendarmerie (+25 % en cinq ans). Il est corroboré par l'enquête de victimation (+28,2 % en cinq ans). Or, comme l'explique Christophe Soullez, le chef de l'ONDRP, " il s'agit d'une infraction qui est vécue comme un viol de l'intimité et qui a un très fort impact sur le sentiment d'insécurité ".
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Un thème omniprésent
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Dernier facteur, enfin, plus complexe à manipuler, la place des questions de délinquance dans le débat politique. Elles n'ont jamais vraiment quitté le devant de la scène sous l'ère Sarkozy : omniprésence de la question des délinquants sexuels, émeutes de Villiers-le-Bel en 2007, etc. Mais 2009 a donné lieu à un retour spectaculaire.
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Lors de la campagne des élections européennes, l'UMP est en difficulté, et Nicolas Sarkozy tente de rebondir sur la thématique des bandes, annonçant une loi. Puis, à la rentrée de septembre, les statistiques policières montrent un premier frémissement des cambriolages, mais, surtout, une augmentation continue des violences physiques. Le phénomène est dénoncé par la gauche comme le signe de " l'échec " du gouvernement, qui réplique en affichant bruyamment la mobilisation du ministère de l'intérieur, sous la férule du nouveau patron, Brice Hortefeux.
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L'ironie, alors que le sentiment d'insécurité croît, c'est que l'enquête de victimation montre que les violences n'ont pas connu d'évolution significative en 2009, et qu'elles ont même baissé en 2010. En réalité, la dégradation apparente des chiffres policiers traduit probablement une meilleure déclaration de ces faits aux forces de l'ordre. Mais le thème de la sécurité continuera à servir, jusqu'au discours de Grenoble, de juillet 2010, lors duquel M. Sarkozy a proposé de déchoir les criminels français d'origine étrangère de leur nationalité. Il semblerait que cette stratégie ait eu l'effet contraire à celui escompté, sur le sentiment d'insécurité comme sur le vote des Français.
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Laurent Borredon
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